Éducation sexuelle ou prévention des abus? Plongée dans les classes suisses qui font débat!
L’éducation sexuelle est un sujet qui suscite souvent la controverse et l’inquiétude chez les parents. Récemment, des parents d’élèves ont exprimé leur préoccupation quant au contenu des cours d’éducation sexuelle dispensés par le Département de l’instruction publique (DIP) en Suisse. Une polémique a éclaté, mettant en évidence des questions d’adaptation à l’âge des enfants. Pour mieux comprendre cette situation, nous avons interviewé Raphaël Ducrot, intervenant spécialisé en santé sexuelle et affective au Service de santé de l’enfance et de la jeunesse (SSEJ) à l’Office de l’enfance et de la jeunesse (OEJ).
En ce qui concerne les cours d’éducation sexuelle dispensés aux enfants de 7 à 8 ans (4P), Raphaël Ducrot explique qu’il ne s’agit pas d’éducation sexuelle à proprement parler, mais plutôt de prévention contre les abus sexuels. L’objectif principal est de renforcer l’estime de soi chez les enfants, afin qu’ils soient capables de se positionner et de communiquer s’ils se sentent mal à l’aise dans une situation donnée. Les cours se concentrent sur quatre axes principaux : renforcer l’identité personnelle de chaque enfant, leur apprendre à respecter leur intimité, les aider à exprimer leurs émotions et leurs besoins, et les encourager à chercher de l’aide auprès d’adultes de confiance.
Les cours d’éducation sexuelle proprement dits sont dispensés aux enfants de 9-10 ans (6P) et de 11-12 ans (8P). Les sujets abordés varient en fonction de l’âge des enfants. Avec les plus jeunes, on parle de la reproduction et du développement jusqu’à la naissance, tandis qu’avec les plus âgés, on aborde des questions liées à la puberté et à la sexualité. L’approche adoptée consiste à répondre aux questions des enfants, en partant de leurs représentations et de leur réalité. L’objectif est de créer un climat de confiance propice à une discussion ouverte et respectueuse. L’éducation sexuelle est davantage un questionnement qu’une réponse définitive, et le but est d’apporter aux enfants des connaissances scientifiques de base pour qu’ils puissent vivre leur sexualité de manière épanouie et respectueuse.
Une des préoccupations soulevées par les parents est la manière dont ces sujets sont abordés devant les autres élèves. Certains estiment qu’il serait préférable de traiter de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre en privé, avec les infirmières scolaires. Raphaël Ducrot souligne que les cours ne se concentrent pas sur des individus spécifiques, mais plutôt sur des thématiques générales. Cela permet de protéger l’intimité des élèves tout en favorisant la discussion et l’échange d’idées. Des questions plus personnelles peuvent être abordées en privé, à la fin du cours, si un élève le demande. De plus, ces cours permettent également de repérer les enfants qui pourraient avoir besoin d’aide et de les orienter vers les infirmières scolaires si nécessaire.
Le Collectif parents Suisse a également soulevé des inquiétudes concernant la communication sur les horaires des cours. Ils estiment que cela est fait délibérément pour empêcher les parents de s’y opposer. Raphaël Ducrot explique que les cours sont dispensés une fois par année scolaire, sur une après-midi entière. Les horaires sont communiqués aux parents lors de séances d’information en début d’année, afin de leur permettre de connaître précisément le contenu des cours.
Il est important de comprendre que les cours d’éducation sexuelle dispensés dans les écoles ont pour objectif de fournir aux enfants des informations scientifiques de base, de les aider à développer leur réflexion et de les encourager à vivre leur sexualité de manière épanouie et respectueuse. Les enseignants spécialisés travaillent dans le respect de l’intimité des élèves et cherchent à créer un climat de confiance propice à la discussion.