Genève dévoile sa Cannabinothèque: La vente de cannabis prend un tournant révolutionnaire!
L’essai-pilote de vente régulée de cannabis entre dans une phase concrète dans le canton de Genève. La Cannabinothèque, qui sera ouverte dans trois mois à Vernier, permettra d’approvisionner en cannabis récréatif, de manière supervisée, un millier de volontaires. Les personnes intéressées peuvent s’inscrire sur le site www.changegeneve.ch. Cette initiative est coordonnée par l’association ChanGE, sous la présidence de Ruth Dreifuss, ancienne présidente de la Confédération.
Les critères pour participer à cet essai-pilote sont les suivants : avoir 18 ans révolus, consommer déjà régulièrement du cannabis, s’engager à participer à des entretiens individuels et/ou collectifs avec les chercheurs, et remplir périodiquement des questionnaires. L’essai-pilote, d’une durée de trois ans, sera aussi contrôlé que nécessaire et aussi participatif et inclusif que possible.
Le canton de Genève compte environ 10 000 consommateurs de cannabis, qu’ils soient réguliers ou non. La Ville de Vernier, fortement impliquée dans le projet, accueillera le point de vente. Les services communaux apporteront leur soutien pour assurer le bon fonctionnement de la Cannabinothèque. Des contacts réguliers ont déjà été établis avec la police cantonale, et ils se poursuivront pendant toute la durée de l’essai.
La Cannabinothèque sera située dans le quartier de Châtelaine, à Vernier. Elle sera facilement accessible et bien connectée à Genève en transports publics. Martin Staub, conseiller administratif de la commune, tient à souligner que ce ne sera pas un lieu lugubre. Selon lui, il est nécessaire d’apporter une réponse pragmatique à la problématique du cannabis, plutôt que de se limiter à une approche sécuritaire.
Carole-Anne Kast, conseillère d’État en charge du Département des institutions et du numérique, souligne que le rôle de la police sera d’accompagner cette bulle de légalité pour qu’elle puisse être bien vécue et bien circonscrite. La Cannabinothèque ne se limitera pas à des activités de vente, elle aura également une mission d’information du public et de prévention des risques. Des mesures de protection de la jeunesse et de la santé seront développées.
Ce projet permettra d’accéder de près aux consommateurs, avec un regard indépendant. L’évaluation scientifique de l’essai-pilote est menée conjointement par les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et l’Université de Genève (UNIGE). Les participants devront remplir un questionnaire obligatoire qui donnera des informations sur la manière de consommer, sur les éventuels changements d’habitude, sur la fréquentation et les sensations de bien-être.
L’essentiel du financement de cet essai est assuré par la vente des produits ainsi que des subsides de deux fondations. Le Fonds destiné à la lutte contre la drogue et à la prévention de la toxicomanie contribue à hauteur de 60 000 francs par année. Les produits sont fournis par une entreprise genevoise, selon les critères extrêmement stricts de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).
Cette expérimentation pilote, soutenue par des députés de tous bords, les pouvoirs publics et plusieurs institutions, a nécessité près de dix ans de travail avant de voir le jour. À ce jour, les cantons de Bâle-Ville et Genève, ainsi que les villes de Lausanne, Zurich, Berne, Bienne et Lucerne ont reçu l’autorisation de mener de tels projets. Une douzaine de demandes sont encore à l’étude.
Cet essai-pilote de vente régulée de cannabis à Genève marque une avancée significative dans la réflexion sur la politique des drogues en Suisse. Cette initiative permettra d’évaluer de près les effets de la légalisation du cannabis récréatif et de mettre en place des mesures de prévention et d’information adaptées.